
Edward Hopper et la solitude sociale
L’œuvre visuelle d’Edward Hopper possède une signature unique ; pour nos besoins, on pourrait y référer comme un style ‘réaliste photographique’. Avec ses paysages urbains déserts et ses personnages isolées, le peintre américain a capturé la solitude et l’aliénation de la vie moderne. Mais la pandémie du Covid-19 a donné à son travail une nouvelle signification terrifiante. Les médias sociaux nous font croire que nous existons maintenant tous à l’intérieur d’une peinture d’Edward Hopper, peu importe laquelle nous choisissons.
Jonathan Jones du Guardian se demande : « Sommes nous tous devenus des tableaux d’Edward Hopper maintenant, est-il l’artiste de l’âge du coronavirus ? » Jones suggère que c’est parce que nous sommes froidement distancés les uns des autres, solitaires, assis à nos fenêtres donnant sur une ville étrangement vide, comme la femme perchée sur son lit dans « Morning Sun », ou celle donnant par une baie vitrée dans « Cape Cod Morning ».

Le projet
Le défi consiste à associer une de vos photographies avec un tableau d’Edward Hopper. A partir de vos archives ou votre production courante, faite un lien entre votre photographie et un tableau de Hopper. L’idée n’est pas de reproduire la composition de Hopper, mais de communiquer des émotions comparables.
Pour contribuer, faite parvenir votre paire de photos à photo@cgauthier.ca avec vos commentaires, impressions et interprétation, selon votre inspiration.
La société se transforme sous l’influence du Covid-19
Qui n’a pas été ému par toutes les images de personnes ou de voitures de patrouille devant les hôpitaux pour encourager les travailleurs de la santé. Ils ont rempli les écrans de télévision et les sites d’information, présentant une image de solidarité encourageante dans notre solitude forcée – seul et encore ensemble. Mais il y a des images beaucoup moins rassurantes qui circulent sur les réseaux sociaux.
Si nous sommes vraiment tous des tableaux d’Edward Hopper, une crise de solitude est imminente et elle est peut être l’une des conséquences sociales les plus lourdes du Covid-19. La perte de contact humain direct que nous acceptons peut être catastrophique. C’est du moins ce que Hopper nous montre. Ce peintre américain né en 1882 a fait de la solitude l’inspiration de sa vie. Dans les années 1920, alors que Otto Dix représentait les fêtards de l’ère du jazz, il peignait des gens qui avaient l’air de n’avoir jamais été invités à une fête dans leur vie.

Ce tableau est intitulé “Metropolis” a été créé par l’artiste Otto Dix en 1928. Metropolis illustre l’age du jazz et des années folles de 1920. Avec la prospérité et l’abondance, l’atmosphère festive était la rêgle.
La vie moderne est hostile à l’extrême pour Hopper. Il n’a pas besoin d’une pandémie pour isoler ses pauvres âmes. Fenêtres froides, bâtiments urbains imposants où tout le monde vit dans des appartements autonomes, une stations-service au milieu de nulle part, le tissu des villes modernes et des paysages est pour lui une machine qui génère la solitude.
Nous espérons tous défier la vision terrifiante de Hopper d’individus aliénés et atomisés et survivre en tant que communauté. Mais, ironiquement, nous devons le faire en restant séparés et il peut être cruellement malhonnête de prétendre que tout le monde est parfaitement OK à la maison.
Dans notre société moderne, nous sommes tout simplement plus habiles à cacher l’isolement que ces artistes représentent la solitude comme notre condition sociale moderne. En temps normal, nous nous assoyons seuls dans les cafés, sauf que nous avons maintenant des téléphones mobiles pour nous faire sentir social. La modernité jette des masses de gens dans un mode de vie urbains qui est totalement coupés de la grégarité sociale qui était autrefois la norme.
Nous choisissons la solitude moderne parce que nous voulons être libres. Mais maintenant, l’art de Hopper pose une question difficile: quand les libertés de la vie moderne sont supprimées, que reste-t-il, mais la solitude?
Shirley visions of reality 2013
Production cinématographique exploitant la composition, la lumière et les tonalités des tableaux d’Hopper. Le directeur et producteur Gustav Deutsch présente dans un long métrage constitué de courtes scènes reproduisant des scènes de la vie quotidienne, avec des acteurs reproduisant les rôles capturés dans les tableaux d’Hopper.
Directeur de la photographie: Jerzy Palacz
Production: Austrian Film Institute
Références
Edward Hopper and American solitude, Pandemic or not, the artist’s masterly paintings explore conditions of aloneness as proof of belonging. The New Yorker, by Peter Schjeldahl, June 1, 2020
Jonathan Jones, Fri 27 Mar 2020
‘We are all Edward Hopper paintings now’: is he the artist of the coronavirus age?
Arnaud Montagard’s photographs of an American road trip look like Edward Hopper paintings by Katy Cowan, June 2020
Leaving fast-paced New York City behind to set off on a journey across America, French photographer Arnaud Montagard captured a nostalgic side of America that Jack Kerouac might have experienced back in the 1950s.
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